Les telluriques Etna Sessions de Murcof

The Etna Sessions est le résultat d’un travail audiovisuel collaboratif entre le génial Murcof et l’artiste visuel Manu Ros. Initialement commandé par le Centre de Culture Contemporaine de Catane en Sicile, il fut présenté pour la première fois sous le pseudonyme « Life Observing Life » au Castelo Ursino dans le cadre du festival i-Art en juillet 2015.

Aujourd’hui le label Façade Electronics dévoile ‘The Etna Sessions’ une version complètement remaniée de la musique composée par Murcof s’affranchissant du soutien des visuels autour desquels elle a été créée.

Construites autour des enregistrements de terrains réalisés par le binôme dans le Parc Naturel Régional de l’Etna, chaque titre semble contenir la sourde puissance du célèbre volcan.

Cette matière sonore basaltique et abrasive, est par la suite retravaillée et sculptée. Elle devient une matrice pour des mélodies emphatiques et des rythmiques numériques ardentes (Valle des Bove / La Contessa).

Comme toujours avec Murcof, la scène sonore est détaillée, vaste, profonde et parfaitement équilibrée. L’expérience d’écoute est un saisissant voyage au centre de la terre. 

On perçoit le battement régulier d’un coeur qui pulse et pousse le magma. Il cogne contre la croûte terrestre comme le sang à nos tempes (Cuore della Trinacria / Vene Svuotate).

Alors qu’à la surface, la vulnérable quiétude d’un chant d’oiseaux se fait entendre dans la tranquillité du matin (6AM Linguaglossa), sous nos pieds, gronde l’incandescente puissance (Monti Sartorius). 

Durant tout l’album, la musique de Murcof parvient à faire de l’Etna un être complexe, fait de chair et de feu. Un géant intranquille au sommeil troublé. S’alternent moments de calme profonds et vrombissements tectoniques, arpèges majestueux de synthétiseurs modulaires et nappes vaporeuses semblables à des nuées ardentes.

Valanga Di Ferro, est le climax de l’album. Murcof nous plonge au coeur de la soufrière.  On devine la sirène annonçant l’imminente éruption. Les strates sonores s’amoncellent dans un maelström sismique. Alors se répand  « le sang de la mère » (Sangu Di La Matri) dans un final sous forme de field recording nous plaçant en spectateur au milieu de la fournaise.

Le vivant observe le vivant. 

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